Après 58 jours de course, ce matin à 7h50 (heure française), Louis Burton a passé pour la première fois le mythique Cap Horn. Solidement attaché à sa 7ème place, le jeune trentenaire ne cachait pas son bonheur. Outre le soulagement d’en finir avec les mers du Sud et de commencer sa remontée vers les Sables d’Olonne, le néo cap-hornier est surtout satisfait de son classement actuel et de sa gestion de course, qui dépassent ses ambitions affichées au moment du départ.
Une première récompense
4 années d’entrainements, de milles par milliers, de transats, de travail sur l’optimisation et la fiabilisation de son Bureau Vallée. Ce premier Cap Horn sonne comme l’une des plus belles récompenses. Une récompense partielle certes, car la Route vers les Sables d’Olonne et l’arrivée de ce Vendée Globe est encore longue et sinueuse, mais un passage mythique tout de même.
« J’ai reçu hier un mail des autorités chiliennes me disant de faire attention, parce que c’est le passage le plus dangereux de la planète. Tout cela participe à une sorte d’excitation et en même temps à pas mal d’appréhension. Peut-être que je m’en suis fait des tonnes mais oui, j’ai eu un peu le trac. Vous ne pouvez pas imaginer le bonheur que m’a procuré le fait de voir la terre après 2 mois en mer. Je comprends maintenant les légendes des ancêtres de la marine à voile. Et puis, j’ai eu une pensée particulière pour ma compagne qui a passé ce cap il y a quelques années déjà (ndlr : Servane Escoffier a participé à la Barcelona World Race en 2008). Je ne la regarderai plus de la même manière maintenant que j’ai vu ce que c’était. Ce passage impose le respect » a déclaré Louis.
J59 : Louis Burton a franchi le Cap Horn… par VendeeGlobeTV
Clignotant à gauche, direction la maison
Louis Burton va désormais attaquer sa remontée de l’Atlantique. Elle devrait être plutôt tonique dans les premiers jours. Un vent de secteur Sud d’une trentaine de nœuds va permettre à Louis de passer à l’intérieur du Detroit de Le Maire, ce petit bras de mer de 16 milles de large qui sépare la Terre de Feu de l’île des Etats au Nord-Est du Cap Horn, puis de laisser les Iles Malouines à Tribord. « Ce sera un peu tendu à gérer avec pas mal de vent dans le Détroit de Le Maire et dans le Nord-Ouest des Malouines, mais je devrais remonter assez rapidement. Si je gère correctement mon escalier, je ne devrais pas avoir trop de près à faire avant d’attraper l’alizé brésilien. Vers le 16 ou le 17 janvier je ne serai pas très loin du Pot au Noir. C’est plus rapide que ce que j’avais espéré, donc je suis super heureux ! » explique le skippeur de Bureau Vallée.
Finir le job.
Les prochains jours seront donc cruciaux pour Louis (Burton) dans des conditions toniques. Il faut dire que son Bureau Vallée n’a pas été épargné par les mers du Sud. Voiles déchirées, pilotes automatiques et vérins capricieux, schnorchel (vannes de remplissage de ballast) et puits de dérives qui ont dû être « re-stratés » pour colmater des fuites, Louis et son bateau ont eu droit à leur lot de galères, mais le duo tient bon. Sportivement, Louis dispose d’une avance intéressante qui devrait lui permettre de garder sa 7ème place jusqu’au Sables d’Olonne. S’il ne connaît pas de problème majeur à bord, il n’en reste pas moins que sa performance sportive est pour le moment remarquable compte tenu de la génération de Bureau Vallée. A titre de comparaison, sur la Transat Jacques Vabre 2015, Louis (Burton) était au coude à coude avec les bateaux de sa génération, notamment Newrest Matmut et Comme un Seul Homme. Aujourd’hui, ces 2 bateaux sont à environ 2500 milles derrière lui et Bureau Vallée est en tête des bateaux « d’anciennes générations ».
« Je me suis gardé une petite bouteille de champagne pour le Horn, mais maintenant, ça va changer de rythme. Il va falloir se remettre à faire plein de manœuvres et surtout continuer à préserver mon bateau au maximum, en restant humble et en prenant des précautions. Je m’étais fixé entre 10 et 12ème au départ. Donc pour l’instant, c’est le bonheur! J’ai encore un défi en tête : mettre moins de 84 jours, le temps de Michel Desjoyeaux en 2008 sur un bateau de même génération. Au Cap Horn, je suis un peu en retard. Ce ne sera pas facile, mais c’est important de toujours se donner des objectifs sportifs. » conclut Louis.