et la lumière fut… sur Bureau Vallée

et la lumière fut… sur Bureau Vallée

Depuis le vendredi 30 octobre au matin, Louis Burton et Romain Attanasio ne disposent plus d’énergie à bord. Après une panne moteur, un départ de feu sur le boitier convertisseur d’énergie du système des hydrogénérateurs a définitivement « coupé le courant » à bord de Bureau Vallée.
Les 2 skippers avaient pris la décision de continuer sans électronique ni pilote automatique à fin de garder le minimum d’énergie vitale de leurs batteries pour actionner le basculement de la quille, avec l’espoir de réussir à relancer l’une des 2 sources d’électricité du bord.

C’est désormais chose faite, puisque Louis a repris contact hier soir pour dire qu’il avait réussi à relancer les hydrogénérateurs, dont le système avait pourtant été endommagé par le feu. Au téléphone, Louis expliquait cette réparation sommaire qui aura fait double emploi. Non seulement l’électricité est partiellement revenue à bord de Bureau Vallée, mais elle a également regonflé le moral des 2 marins qui sont désormais concentrés sur la suite de la course.

Peux-tu nous faire un retour sur les événements ? Notamment sur le départ de feu ?

Louis :  » On était à l’extérieur avec Romain en train de se concentrer sur les réglages, et ça s’est mis à sentir le brulé assez fort dans la cabine. J’ai été voir, j’ai vu que ça venait du compartiment central arrière qui est tout au fond du bateau. J’ai passé une tête, et vu de la fumée, ça piquait les yeux. Je suis ressorti pour prendre un extincteur, et j’ai arrosé la zone qui brulait, à savoir le boitier électronique qui sert à convertir à et à gérer l’électricité produite par les hydros. C’est la première fois que je suis confronté à un départ de feu à bord, et même si ce n’était pas des grosses flammes, c’est assez impressionnant, surtout dans ce petit compartiment à l’arrière du bateau auquel on accède uniquement en rampant… »

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Le boitier des hydrogénérateurs après avoir été aspergé par l’extincteur 

 

Comment as tu réussi à relancer le système ?

« On a travaillé avec notre équipe technique et avec les concepteurs des hydros pour créer une procédure afin de démonter le boitier et de récupérer le plan détaillé du circuit imprimé du système. Après, j’ai joué à l’apprenti électricien : Il a d’abord fallu nettoyer tout ce qui avait brulé sur le circuit, puis faire de nombreux tests au multimètre pour trouver les courts circuits générés par le feu. Une fois isolés, j’ai enlevé les éléments cramés ou qui étaient en court circuit. J’ai shunté (nldr : dérivé) le + de l’hydro avec le + de la batterie et pareil pour les moins, et soudé les fils pour que ça tienne. J’ai tout remonté, fait un premier essai qui a raté. Il restait un court circuit. Les fusibles ont pété, donc j’ai tout repris depuis le début, et au 2ème essai ça a marché. On avait peur aussi que ça ne puisse plus fonctionner à cause de la poudre de l’extincteur, mais en nettoyant bien ça l’a fait ! La réparation a duré 6 heures… et pendant ce temps là, Romain barrait pour qu’on continue à avancer au max. C’est là qu’on se dit que c’est quand même super d’être deux !! »

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Le boitier ouvert, avec toute la partie droite brulée. 

Est-ce que vous avez pu récupérer toute l’énergie nécessaire à bord ?

 » C’est une réparation de fortune. Le système est branché en direct sur la batterie sans éléments qui permettent de réguler le courant produit, et donc de le couper en cas de besoin… Le boitier chauffe toujours pas mal, donc on fait des cycles assez courts, d’environ 1h30 de charge, puis on laisse refroidir pour ne pas prendre de risque. On charge environ 15 ampères, ça nous permet d’avoir un peu de jus, mais on est clairement pas dans une situation optimale. Ca nous a permis de relancer la centrale de nav et d’avoir les infos pour bien naviguer. On a aussi pu rallumer l’ordi, prendre un grib (fichier météo) et faire des routages, ce qui n’est pas tant mal à l’approche du Pot au Noir. Mais on l’utilise au minimum. Et on reste à la barre la majorité du temps car le pilote tire beaucoup sur les batteries. On a pas fait tourner le dessalinisateur, car à priori, on a assez d’eau en réserve, mais je suis quand même bien content qu’on puisse faire de l’eau si besoin.
Bref, l’objectif maintenant, c’est d’essayer de retrouver un max de vitesse, car les petits copains d’à côté, ils envoient bien, et de se préparer à l’arrivée dans le Pot au Noir. On est désormais sous grand spi.
On va aussi essayer de regarder ce qu’on peut faire sur le moteur, mais c’est a priori plus compliqué, car le démarreur est foutu, et qu’on a pas de prise sur ce moteur pour essayer de faire un démarrage « manuel » en lançant le moteur… Et puis, ca nous obligerait surement à déplomber.

Je tiens à adresser des remerciements tout spécifiques à Gael, Servane de BG Race et à Mathieu de Watt and sea sans qui cela n’aurait pas été possible! »

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